

Russie : le Kremlin est-il encore un lieu sûr pour Vladimir Poutine ?
Après les récentes accusations d’attaques ukrainiennes sur le Kremlin, des doutes quant à la sécurité au sein de la forteresse située au centre de Moscou ont fait leur apparition.
Les autorités russes ont annoncé que le Kremlin avait été victime d’une attaque de drones, ce mercredi 3 mai 2023.

Anadolu Agency via AFP
Par Simon Adolf
Publié le 05/05/2023 à 16:02
Ya-t-il une brèche dans la sécurité du Kremlin ? La Russie a affirmé avoir abattu deux drones envoyés par l’armée ukrainienne dans l’enceinte du palais du Sénat, lieu de résidence officiel de Vladimir Poutine, ce mercredi 3 mai, une accusation fermement démentie par Kiev.
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C’est la première fois qu’une frappe attribuée à l’Ukraine a lieu dans le centre de Moscou, situé à 500 kilomètres de la frontière entre les deux pays. Mais de nombreux experts et spécialistes doutent de la version russe, allant même jusqu’à attribuer l’attaque à la Russie elle-même, dans une stratégie d’escalade. Les autorités russes ont en effet annoncé avoir renforcé les défenses autour du Kremlin l’année dernière, en réponse aux menaces de frappes ukrainiennes.
Un lieu verrouillé
De manière générale, le Kremlin fait l’objet d’une surveillance accrue depuis le début de l’invasion de l’Ukraine en février dernier. L’énorme forteresse s’étend sur 28 hectares, en plein cœur de la capitale russe. Coincé entre la place Rouge et la rivière Moskova, qui a donné son nom à la ville, l’immense complexe contient quatre cathédrales orthodoxes et huit palais. Tour à tour lieu de résidence des Tsars et siège du parti communiste de l’Union Soviétique, elle abrite désormais les éléments les plus importants de l’administration russe.
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Malgré l’importance stratégique de l’endroit, plusieurs bâtiments du Kremlin sont toujours accessibles au public. On peut par exemple visiter le Palais des armures, plus gros musée du pays, dédié à l’histoire de la Russie. L’endroit est néanmoins verrouillé par le FSO, le service fédéral de protection. Cet organe composé de 50 000 hommes est chargé de la défense des personnalités et des hauts fonctionnaires russes.
Impossible, donc, de savoir ce qui se passe réellement derrière les murs du Kremlin. Même en utilisant les nouvelles technologies. Des brouilleurs sont installés partout autour de la forteresse. Lorsque l’on s’en approche, on est automatiquement géolocalisé dans un aéroport situé à une trentaine de kilomètres de la ville. Une méthode qui a le don d’exaspérer les usagers des taxis, qui voient leurs notes grimper sans en comprendre la raison.
Résidence d’apparat
L’énorme forteresse située au centre de Moscou concentre l’attention en raison de son statut de résidence principale de Vladimir Poutine, mais le dirigeant russe dispose d’autres points de chute. Il voyage souvent entre le Kremlin et sa résidence de Novo-Ogaryovo, à une trentaine de kilomètres de Moscou. “J’y passe beaucoup de temps. J’y travaille, et j’y passe souvent la nuit” a-t-il affirmé dans une interview donnée à la presse russe, fin mars, en marge d’une visite du président chinois Xi Jinping.
Selon le New York Times, qui cite Gleb Karakulov, ancien capitaine transfuge du FSO, Vladimir Poutine disposerait de plusieurs bureaux décorés de façon identique, dans plusieurs endroits disséminés à travers la ville. Un stratagème lui permettant de toujours faire peser le doute sur sa véritable localisation. Comme souvent, le président russe cultive le secret.