

Guerre en Ukraine : les Russes se repositionnent à l’Est, l’évacuation de Marioupol avortée
Vendredi 1 avril 2022 à 8:20
– Mis à jour le vendredi 1 avril 2022 à 22:19 – Par Victor Tribot Laspière, Mélanie Juvé, France Bleu
Au 37e jour de l’invasion russe en Ukraine, le président Volodymyr Zelensky a assuré que l’armée russe se repositionnait dans l’est du pays en prévision “d’attaques puissantes”, notamment sur le port assiégé de Marioupol où doit avoir lieu vendredi une nouvelle tentative d’évacuation de civils.

L’Ukraine connaît ce vendredi 1er avril son 37e jour de guerre, déclenchée par la Russie. Dans la nuit, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a assuré que les forces russes se repositionnaient dans l’Est en prévision “d’attaques puissantes“. Notamment autour de Marioupol, ville portuaire assiégée où doit avoir lieu ce vendredi une nouvelle tentative d’évacuation de civils. La Russie accuse le gouvernement ukrainien d’avoir mené une attaque à l’hélicoptère sur “un dépôt de pétrole” russe. Le point sur la situation ce 1er avril.
L’essentiel
- Les forces russes se repositionnent à l’Est en prévision “d’attaques puissantes”, selon le président ukrainien
- A Marioupol, les civils pris au piège attendent toujours d’être évacués
- Les pourparlers ont repris par visioconférence ce vendredi
- Les Russes ont quitté la centrale nucléaire de Tchnernobyl en emmenant des otages
- Dès ce vendredi, la Russie exige le paiement en roubles de son gaz de la part des pays “inamicaux”
- À écouter : le podcast quotidien de Radio France sur la situation en Ukraine
La situation sur le front militaire
L’armée russe se repositionne à l’Est, selon Kiev
Comme à son habitude, le président ukrainien Volodymyr Zelensky s’est exprimé dans la nuit pour affirmer que les forces armées russes opéraient un repositionnement à l’Est. Plus tôt cette semaine, l’état-major de Vladimir Poutine avait annoncé qu’il entendait réduire son activité militaire en direction de Kiev et de Tcherniguiv pour se concentrer sur les régions séparatistes de Donest et Lougansk, dans l’est.
“Cela fait partie de leur tactique“, a déclaré Volodymyr Zelensky. “Nous savons qu’ils s’éloignent des régions où nous les battons pour se concentrer sur d’autres qui sont très importantes… où cela peut être difficile pour nous“, a ajouté le président ukrainien. En particulier, la situation dans l’est du pays est “très difficile“.
“Dans le Donbass et à Marioupol, dans la direction de Kharkiv, l’armée russe se renforce en prévision d’attaques puissantes“, a déclaré le président. Un sentiment partagé par le secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg, qui estime que les forces russes “ne se retirent pas mais se repositionnent” sur la région du Donbass, tout en maintenant “la pression sur la capitale Kiev et d’autres villes“. Ce recentrage laisse présager un conflit “prolongé“, qui pourrait durer des mois, a prévenu le Pentagone.

Des experts militaires estiment que Moscou a abandonné son projet d’avancer simultanément le long de plusieurs axes au nord, à l’est et au sud, en raison des difficultés rencontrés face à la résistance ukrainienne plus forte que prévu. Selon des responsables américains, la Russie a déplacé environ 20% de ses troupes des environs de Kiev après avoir échoué à prendre la ville.
L’armée russe se retire des alentours de Kiev
L’Ukraine indique avoir repoussé les forces russes autour de Kiev et repris le contrôle de plusieurs villes au nord de la capitale au prix de féroces combats. “Nos troupes pourchassent (les forces russes) au nord-ouest et au nord-est de Kiev, repoussant l’ennemi loin”, a déclaré Oleksiy Arestovitch, conseiller du président ukrainien Volodymyr Zelensky.
Des responsables ukrainiens ont par la suite déclaré que les forces ukrainiennes avaient repris les villes de Boutcha et Ivankiv au nord de Kiev. Borodyanka a également été reconquise, ont-ils dit en partageant sur internet une photo de l’armée ukrainienne dans la ville. “Le 31 mars restera dans l’histoire de notre ville (…) comme le jour de sa libération des (forces) russes”, a dit le maire de Boutcha, Anatolii Fedorouk. Boutcha se situe entre Irpin et Hostomel, au nord-ouest de Kiev.
Des colonnes russes regagnent la Biélorussie
Malgré tout, les frappes sur la capitale se poursuivent et le porte-parole du Pentagone, John Kirby, a déclaré qu’il était probable que les troupes “soient repositionnées, probablement en Biélorussie, pour être rééquipées et réapprovisionnées et utilisées ailleurs en Ukraine“.
Le gouverneur de la région de Kiev, Oleksandr Pavlyouk, a indiqué sur Telegram qu’une partie des troupes russes qui assiégeaient la capitale avaient pris la direction de la Biélorussie. “Nous observons des mouvements coordonnés de colonnes de véhicules russes d’importance variable”, a-t-il dit.
Plus au nord, le gouverneur de la région de Tchernihiv a également fait état du retrait d’une partie des troupes russes qui assiégeaient la ville lourdement bombardée depuis plus d’un mois. Les forces d’occupation se retirent en direction de la frontière avec la Biélorussie et la Russie et l’armée ukrainienne réoccupe progressivement les villages qu’elles abandonnent, mais et il est prématuré de baisser la garde, a prévenu le gouverneur. “Des frappes aériennes et des tirs de missiles sont encore possibles dans la région”, dit-il dans un message vidéo.
Les forces russes ont quitté Tchernobyl avec des otages
Les forces russes se sont retirées du site nucléaire de Tchernobyl, dont elles avaient pris le contrôle dès le premier jour de l’invasion de l’Ukraine le 24 février, ont annoncé des responsables ukrainiens. Selon Kiev, les Russes sont partis en emmenant des otages avec eux. En quittant la centrale, les Russes se sont livrés au “pillage de locaux, vol des équipements et d’autres objets précieux“.
Le responsable de l’agence en charge de la zone d’exclusion Yevhen Kramarenko a néanmoins indiqué à la télévision que des témoins avaient constaté que des troupes russes étaient toujours présentes à proximité du périmètre de la centrale.
La centrale nucléaire n’a pas subi de dommages durant son occupation et le niveau de radiations autour de la centrale est actuellement “normal”, mais les soldats russes se sont probablement exposés aux radiations, notamment en creusant des tranchées en zone contaminée, estiment les autorités ukrainiennes.
L’évacuation de Marioupol “impossible” pour le moment
La Croix-Rouge a annoncé que l’équipe envoyée à Marioupol en Ukraine avait dû rebrousser chemin, l’évacuation prévue de milliers de civils étant “impossible” pour le moment. “L’équipe du CICR, qui comprend trois véhicules et neuf personnes, n’a pas atteint Marioupol et n’a pas pu faciliter le passage en toute sécurité des civils aujourd’hui”, a déclaré le Comité international de la Croix-Rouge dans un communiqué.
L’équipe a dû faire demi-tour car “les conditions ont rendu impossible la poursuite” de la mission. “Ils essayeront à nouveau samedi de faciliter le passage en toute sécurité de civils de Marioupol”, a ajouté la Croix-Rouge. Cette dernière a souligné que “pour que l’opération réussisse, il est essentiel que les parties respectent les accords et fournissent les conditions nécessaires et les garanties de sécurité”.
Quelque 160.000 personnes restent coincées dans la ville du Sud-Est ukrainien, dont beaucoup sont privées de tout (eau, nourriture, électricité) par un froid mordant. La CICR a indiqué n’avoir pas reçu la permission vendredi d’amener de l’aide humanitaire à Marioupol. L’organisation avait préparé deux camions chargés notamment de nourriture et de médicaments, mais ils sont restés à Zaporijie.
Des personnes ayant réussi à quitter la ville assiégée par leurs propres moyens et des ONG y ont décrit des conditions catastrophiques, avec des civils terrés dans des caves et des cadavres jonchant les rues. La municipalité, qui a fait état de plus de 5.000 morts, accuse Moscou d’avoir évacué “contre leur gré” plus de 20.000 habitants vers la Russie.
Emmanuel Macron et Volodymyr Zelensky, le président ukrainien, ont échangé sur le sujet par téléphone ce vendredi, indique l’Elysée dans un communiqué. “La conversation a porté sur l’urgence humanitaire à Marioupol”, précise l’Elysée, selon qui “le président Zelensky a demandé au président français de poursuivre ses efforts diplomatiques pour obtenir de la Russie les conditions nécessaires à une opération humanitaire par les organisations internationales compétentes”.

53 sites culturels endommagés
Au moins 53 sites culturels ont été endommagés en Ukraine, selon l’Unesco. Parmi ces sites figurent 29 sites religieux, 16 bâtiments historiques, quatre musées et quatre monuments, dont l’Unesco a pu vérifier les dégâts par de l’imagerie satellitaire et des acteurs sur place, a expliqué un porte-parole, selon lequel cette liste “n’est pas exhaustive”. “Nos experts continuent d’instruire un certain nombre de signalements”, a-t-il poursuivi.
La situation diplomatique et les réactions internationales
Reprise des pourparlers
Les pourparlers russo-ukrainiens ont repris ce vendredi par visioconférence, selon le négociateur du Kremlin Vladimir Medinski. “Nos positions sur la Crimée et le Donbass n’ont pas changé”, a-t-il indiqué, en référence à deux régions ukrainiennes, l’une que la Russie a annexée en 2014 et l’autre qui est partiellement sous contrôle de séparatistes prorusses. De son côté l’Ukraine attend toujours une “véritable réponse aux propositions qui ont été faites à Istanbul”, indique le chef de la diplomatie Dmytro Kouleba. Kiev avait notamment proposé en début de semaine la neutralité de l’Ukraine et de renoncer à adhérer à l’Otan, à condition que sa sécurité soit garantie par d’autres pays face à la Russie.
La présidente du Parlement européen se rend à Kiev
Roberta Metsola, la présidente maltaise du Parlement européen, a indiqué qu’elle était “en route pour Kiev“. Elle serait la première dirigeante d’une institution européenne à se rendre dans la capitale ukrainienne depuis le début de l’invasion russe. Vladimir Poutine avait annoncé auparavant qu’il interdisait l’entrée sur son territoire aux dirigeants européens et à la majorité des eurodéputés, en réaction aux sanctions tous azimuts visant Moscou.
L’UE a averti vendredi Pékin que tout soutien à Moscou pour contourner les sanctions occidentales nuira à ses relations économiques avec l’Europe, son premier partenaire commercial, l’appelant à faire pression sur la Russie pour mettre fin au conflit en Ukraine. “Nous avons indiqué clairement que la Chine ne devait pas interférer dans les sanctions (contre Moscou) à défaut de les soutenir“, a déclaré la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, après un entretien en visioconférence avec le président chinois Xi Jinping.
La France “se prépare” en cas d’arrêt de livraison de gaz russe
L’UE met la Chine en garde
L’Allemagne et la France disent se “préparer” à un potentiel arrêt des importations de gaz russe, alors que Moscou exige, à partir du 1er avril, un paiement en roubles des livraisons, ce que les Européens refusent, a déclaré jeudi le ministre français de l’Economie Bruno Le Maire, à Berlin. “Il peut y avoir une situation dans laquelle demain, dans des circonstances très particulières, il n’y aura plus de gaz russe (…) c’est à nous de préparer ces scénarios là, et nous les préparons”, a-t-il détaillé, lors d’une conférence de presse avec le ministre allemand de l’Economie, Robert Habeck.
Vladimir Poutine a annoncé que les consommateurs de gaz russe de pays jugés “inamicaux”, dont la France, devront avoir des comptes en roubles en Russie pour régler leurs factures à partir de vendredi, mesure touchant surtout l’Union européenne. En cas de refus, “les contrats en cours seront arrêtés”, a-t-il dit à la télévision après avoir signé un décret en ce sens.
A Berlin, le chancelier Olaf Scholz a affirmé que les pays européens continueront de payer le gaz russe en euros et dollars comme cela est “écrit dans les contrats”. “J’ai dit clairement au président russe que cela resterait ainsi”, a-t-il ajouté. À lire aussi Guerre en Ukraine : la France va-t-elle devoir payer le gaz russe en roubles, comme l’exige Vladimir Poutine ?
La situation humanitaire et la solidarité avec les Ukrainiens
4 millions de réfugiés ont fui l’Ukraine
Après cinq semaines de guerre, 4 millions de réfugiés ont fui l’Ukraine, auxquels s’ajoutent presque 6,5 millions de déplacés à l’intérieur du pays, selon l’ONU. Quelque 90% de ceux qui ont fui l’Ukraine sont des femmes et des enfants.
36.000 déplacés accueillis en France
Depuis le début de la guerre, 36.000 déplacés ont été recensés en France, a annoncé ce vendredi Marlène Schiappa, ministre déléguée à la Citoyenneté. “Nous avons aujourd’hui accueilli en France environ 36.000 personnes venues d’Ukraine. Ces personnes sont très majoritairement de nationalité ukrainienne, mais il y a aussi des personnes qui sont d’autres nationalités”, a indiqué la ministre en charge de l’accueil et de l’intégration des réfugiés.
7.000 propositions d’emploi en France
Plus de 600 entreprises se sont manifestées sur la plateforme gouvernementale dédiée à l’accueil des déplacés ukrainiens avec “7.000 propositions d’emploi”, a indiqué la ministre du Travail, Elisabeth Borne.
Le ministère du Travail avait annoncé mi-mars le lancement d’un portail dédié à l’accueil des déplacés sur le site Les entreprises s’engagent. Les entreprises qui se sont manifestées sont à environ 85% des TPE/PME, réparties sur tout le territoire, avec une grande variété de secteurs, notamment celui en tension de l’hébergement-restauration, indique le ministère. Certains pourront aussi être orientés vers des structures d’insertion. “
Il y a une demande”, mais il est trop tôt pour dresser un premier bilan de l’insertion professionnelle, indique-t-on au ministère, notamment car il faut un temps d’accompagnement pour ces réfugiés, en majorité des femmes plutôt qualifiées.
(a suivre..)
- những hình ảnh ni chứng tở Putin không tấn công vào thường dân như Lê Văn Cu tin tưởng !!