
Joseph Stiglitz : les socialistes américains ont raison de vouloir réformer le capitalisme

Publié le 15/05/2019 – 16:09

À bien des égards, le socialisme démocratique est séduisant, estime le Prix Nobel d’économie Joseph E. Stiglitz, qui préfère parler de “capitalisme progressiste”. Pas étonnant que le président Trump passe autant de temps à le critiquer.NOS SERVICES
Depuis le début du printemps, le président Trump s’en prend à la députée Alexandria Ocasio-Cortez et au sénateur Bernie Sanders, qui revendiquent tous deux l’étiquette de socialistes démocratiques. Il n’hésite pas à les comparer au dictateur vénézuélien Nicolás Maduro. Or personne aux États-Unis ne prône la nationalisation des mines de charbon ou des champs de pétrole – ni AOC, ni Sanders, ni personne. Trump est tout bonnement en train d’avoir recours à une campagne de diffamation à l’ancienne, pratiquant volontiers l’amalgame pour mieux braquer les électeurs contre ce nouveau socialisme.
Je préfère utiliser une autre expression, celle de “capitalisme progressiste”, pour décrire la volonté de contrer les excès des places financières, de restaurer un équilibre entre les marchés, le gouvernement et la société civile et de faire en sorte que tous les Américains puissent accéder à la classe moyenne. Ce terme met en avant le fait que les marchés et la libre entreprise sont indissociables d’une économie prospère, mais reconnaît également que, sans garde-fous, les marchés ne sont ni efficaces ni gages de stabilité ou de justice.
Le capitalisme peut-il être sauvé de lui-même ?
Il n’est pas surprenant que les extrêmes du capitalisme et ses dysfonctionnements donnent lieu à un questionnement : le capitalisme peut-il être sauvé de lui-même ? Est-il inévitable que l’appât du gain qu’il engendre conduise à une augmentation illimitée de la rémunération des grands patrons ? Ou que les grandes fortunes utilisent leur influence politique pour façonner notre fiscalité de sorte que les plus riches paient proportionnellement moins que tous les autres ? Le capitalisme
[…]Joseph E. Stiglitz